Page:Hugo - Ruy Blas, édition 1839.djvu/49

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Ton maître cependant pour sa charge y demeure ?

Ruy Blas.

Oui, car la cour le fait demander à toute heure.
Mais il a quelque part un logis inconnu,
Où jamais en plein jour peut-être il n’est venu.
À cent pas du palais. Une maison discrète.
Frère, j’habite là. Par la porte secrète
Dont il a seul la clef, quelquefois, à la nuit,
Le marquis vient, suivi d’hommes qu’il introduit.
Ces hommes sont masqués et parlent à voix basse.
Ils s’enferment, et nul ne sait ce qui se passe.
Là, de deux noirs muets je suis le compagnon.
Je suis pour eux le maître. Ils ignorent mon nom.

Don César.

Oui, c’est là qu’il reçoit, comme chef des alcades,
Ses espions ; c’est là qu’il tend ses embuscades.
C’est un homme profond qui tient tout dans sa main.

Ruy Blas.

Hier, il m’a dit : — Il faut être au palais demain.
Avant l’aurore. Entrez par la grille dorée. —
En arrivant il m’a fait mettre la livrée,
Car l’habit odieux sous lequel tu me vois,
Je le porte aujourd’hui pour la première fois.

Don César, lui serrant la main.

Espère !