Page:Hugo - Ruy Blas, édition 1839.djvu/48

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Dans la fainéantise et dans l’ignominie.
Oh ! quand j’avais vingt ans, crédule à mon génie,
Je me perdais, marchant pieds nus dans les chemins,
En méditations sur le sort des humains ;
J’avais bâti des plans sur tout, — une montagne
De projets ; — je plaignais le malheur de l’Espagne ;
Je croyais, pauvre esprit, qu’au monde je manquais… —
Ami, le résultat, tu le vois : — un laquais !

Don César.

Oui, je le sais, la faim est une porte basse :
Et, par nécessité, lorsqu’il faut qu’il y passe,
Le plus grand est celui qui se courbe le plus.
Mais le sort a toujours son flux et son reflux.
Espère.

Ruy Blas, secouant la tête.

Espère.Le marquis de Finlas est mon maître.

Don César.

Je le connais. — Tu vis dans ce palais, peut-être ?

Ruy Blas.

Non, avant ce matin et jusqu’à ce moment
Je n’en avais jamais passé le seuil.

Don César.

Je n’en avais jamais passé le seuil.Vraiment ?