Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/215

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aux oppresseurs contre les opprimés, et sa comédie a commis des crimes. Aristophane, châtiment sombre, est resté devant la postérité à l’état de génie méchant. Mais il a une circonstance atténuante ; il a admiré ardemment le poëte de Prométhée, et l’admirer c’était le défendre. Aristophane a fait ce qu’il a pu pour empêcher son bannissement, et si quelque chose peut diminuer l’indignation de lire les Nuées acharnées sur Socrate, c’est qu’on voit dans l’ombre la main d’Aristophane retenant le manteau d’Eschyle qui s’en va.

Eschyle du reste a, lui aussi, une comédie, sœur de la farce immense d’Aristophane. Nous avons parlé de sa gaieté. Elle va loin dans les Argiens. Elle égale Aristophane et devance notre mardi gras. Écoutez : « Il me jette au nez un pot de nuit. Le vase plein me tombe sur la « tête et s’y casse, odorant, mais autrement qu’une urne à parfums. » Qui dit cela ? c’est Eschyle. Et à son tour Shakespeare viendra, et criera par la bouche de Falstaff : « Videz le pot de chambre ! » Empty the Jordan. Que voulez-vous ? vous avez affaire à des sauvages.

Un de ces sauvages, c’est Molière. Voyez, d’un bout à l’autre, le Malade imaginaire.

C’est aussi un peu Racine. Voyez les Plaideurs, déjà nommés.