Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/301

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de l’homme, prise sur le fait et placée dans un milieu qu’elle combat, gouverne ou transforme, c’est le drame. Il y a là quelque chose de supérieur. Ce maniement de l’âme humaine semble une sorte d’égalité avec Dieu. Égalité dont le mystère s’explique quand on réfléchit que Dieu est intérieur à l’homme. Cette égalité est identité. Qui est notre conscience ? Lui. Et il conseille la bonne action. Qui est notre intelligence ? Lui. Et il inspire le chef-d’œuvre.

Dieu a beau être là, cela n’ôte rien, on l’a vu, à l’aigreur des critiques ; les plus grands esprits sont les plus contestés. Il arrive même parfois que des intelligences attaquent un génie ; les inspirés, chose bizarre, méconnaissent l’inspiration. Érasme, Bayle, Scaliger, Saint-Évremond, Voltaire, bon nombre de Pères de l’Église, des familles entières de philosophes, l’École d’Alexandrie en masse, Cicéron, Horace, Lucien, Plutarque, Josèphe, Dion Chrysostome, Denys d’Halicarnasse, Philostrate, Métrodore de Lampsaque, Platon, Pythagore, ont rudement critiqué Homère. Dans cette énumération nous omettons Zoïle. Les négateurs ne sont pas des critiques. Une haine n’est pas une intelligence. Injurier n’est pas discuter. Zoïle, Mœvius, Cecchi, Green, Avellaneda, Guillaume Lauder, Visé, Fréron, aucun lavage de ces noms-là n’est possible.