Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/359

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vous croyez aux droits de l’homme, à l’émancipation, à l’avenir, au progrès, au beau, au juste, au grand, prenez garde, vous vous arriérez. Toute cette vertu, c’est de l’entêtement. Vous émigrez dans l’honneur, mais vous émigrez. Cet héroïsme ne sied plus. Il ne va plus à l’air de notre époque. Il vient un moment où le feu sacré n’est plus à la mode. Poëte, vous croyez au droit et à la vérité, vous n’êtes plus de votre temps. A force d’être éternel, vous passez.

Tant pis, sans nul doute, pour ces génies bougons, habitués au grand, et dédaigneux de ce qui n’est plus cela. Ils sont tardigrades lorsqu’il s’agit de honte ; ils sont ankylosés dans le refus de courbette ; quand le succès passe, honnête ou non, mais salué, ils ont une barre de fer dans la colonne vertébrale. Ceci les regarde. Tant pis pour ces gens de la vieille mode et de la vieille Rome. Ils sont de l’antiquité, et de l’antiquaille. Se hérisser à tout propos, c’était bon jadis ; on ne porte plus de ces grandes crinières-là ; les lions sont perruques. La révolution française a tout à l’heure soixante-quinze ans ; à cet âge, on radote. Les gens d’à présent entendent être de leur temps, et même de leur minute. Certes, nous n’y trouvons rien à reprendre. Ce qui est doit être ; il est excellent que ce qui existe, existe ; les formes de prospérité publique