Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/75

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de Tarse, et contre tous les cèdres du Liban, et contre tous les chênes de Basan. Il est debout sur le seuil de la civilisation, et refuse d’entrer. C’est une espèce de bouche du désert parlant aux multitudes, et réclamant, au nom des sables, des broussailles et des souffles, la place où sont les villes ; parce que c’est juste ; parce que le tyran et l’esclave, c’est-à-dire l’orgueil et la honte, sont partout où il y a des enceintes de murailles ; parce que le mal est là, incarné dans l’homme ; parce que dans la solitude il n’y a que la bête, tandis que dans la cité il y a le monstre. Ce qu’Isaïe reproche à son temps, l’idolâtrie, l’orgie, la guerre, la prostitution, l’ignorance, dure encore ; Isaïe est l’éternel contemporain des vices qui se font valets et des crimes qui se font rois.

§ V

L’autre, Ézéchiel, est le devin fauve. Génie de caverne. Pensée à laquelle le rugissement convient. Maintenant, écoutez. Ce sauvage fait au monde une annonce. Laquelle ? Le progrès. Rien de plus surprenant. Ah ! Isaïe démolit ? Eh bien ! Ézéchiel reconstruira. Isaïe refuse