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À Madame Ménessier-Nodier[1].


Ce dimanche, 5 septembre 1831.

Vous me comblez, madame, et Charles aussi. Un article de Charles sur Marion, ce sera plus que de la gloire pour moi, ce sera du bonheur. Ma pauvre comédie a été singulièrement flattée et vernissée par la critique. J’ai grand besoin qu’une main comme celle de mon ami, de votre père, la débarbouille un peu.

Il serait bien aimable aussi de se charger de prévenir le Temps qu’il fait l’article sur Marion livre, si livre il y a. Je suis bien honteux d’ajouter cette peine à toutes celles qu’il se donne déjà pour moi ; mais sa voix au Temps[2] comme partout ailleurs, doit avoir plus de crédit et d’autorité que toute autre, et surtout que la mienne.

Il y a tant et de si énormes fautes d’impression dans le premier tirage de Marion que je ne veux pas vous la donner ainsi. Il paraît que le libraire en prépare un second ; j’espère en mettre un exemplaire à vos pieds, s’il y a moins d’énormités typographiques, et surtout si le papier est moins hideux. Jusqu’ici, Marion est habillée en vrai papier à savon. Le livre a l’air de sortir de chez l’épicier. Il est vrai que c’est pour y retourner.

Ne partez pas encore pour Metz, madame, je vous en supplie. Que j’aie au moins le bonheur de pouvoir aller passer une heure à vos pieds. Mettez-moi à ceux de Mme Nodier et dans les bras de Charles.


Votre bien respectueux et dévoué ami,
Victor.

Ma femme vous embrasse tendrement. Recommandez-moi au bon souvenir de votre mari.

Je hais Metz !

  1. Marie Nodier, mariée à M. Ménessier, devait suivre son mari à Metz.
  2. Deux articles de Nodier sur Marion de Lorme ont paru dans le Temps, les 31 octobre et 2 novembre 1831.