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À Paul de Saint-Victor[1].


Paris, 26 mars 1877,
Mon noble et cher ami et confrère,

Je viens de relire vos pages magistrales sur la Légende des Siècles[2]. Je vous remercie. Vous êtes de ceux dont l’œuvre honore notre temps ; toutes les feuilles que vous écrivez sont recueillies par cette main invisible qui est la postérité ; votre critique, n’étant autre chose que le verbe même de l’art, fait autorité dans le présent et fera loi dans l’avenir. Vous avez en vous toutes les grandeurs de l’écrivain, le beau style, le goût suprême, la raison sereine.

Étant l’homme que vous êtes, vous parlez de moi en termes qui m’émeuvent profondément.

Je presse vos mains dans les miennes.

Victor Hugo[3].


À Jules Simon[4].


10 avril 1877.
Mon cher Jules Simon,

Je vous recommande un homme qui n’a pas besoin de vous être recommandé, car, comme moi, vous l’aimez et vous l’estimez, c’est un écrivain de cœur et de talent, c’est M. Barbou, placé par vous, et très honorablement, à la Bibliothèque Ste-Geneviève.

Il lui arrive en ce moment une chose difficile à comprendre, il est sous le coup d’une poursuite, qui est évidemment un malentendu. Il a écrit dans un journal une page de critique très vive, très crue, si l’on veut, mais très honnête, très nette et très loyale contre un nouveau genre littéraire que je n’ai pas à juger, et qui tend à s’établir. Je voudrais que le parquet ne poursuivît personne, mais le parquet poursuit M. Barbou. Cette poursuite me paraît inexplicable. Un mot de vous la ferait cesser.

Cher Jules Simon, je vous la demande. Je vous serai personnellement reconnaissant de ce que vous ferez pour M. Barbou. Et ce que vous ferez sera juste.

Je vous remercie d’avance et je vous serre la main.

Victor Hugo[5].
  1. Inédite.
  2. Le Moniteur universel, 23 mars 1877.
  3. Collection Paul de Saint-Victor.
  4. Inédite.
  5. Bibliothèque Nationale. Copie.