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sez-vous et pensez à moi. Madame Drouet vous envoie toutes ses tendresses. À bientôt. Nous allons préparer le logis. Je vous aime. Aimez-moi[1].


Aux membres du Congrès libre et laïque de l’éducation.


Paris, 16 octobre 1879.
Mes chers concitoyens,

Vous m’offrez votre présidence d’honneur, je l’accepte. Je ne pourrai prendre part à vos séances, je le crains, mais je fais les vœux les plus ardents pour le triomphe de vos idées qui sont les miennes.

La jeunesse, c’est l’avenir. Vous enseignez la jeunesse, vous préparez l’avenir.

Cette préparation est utile, cet enseignement est nécessaire. Créer le jeune homme d’aujourd’hui, c’est faire l’homme de demain. L’homme de demain, c’est la République universelle. La République, c’est l’union, l’unité, l’harmonie, la lumière, le travail créant le bien-être, la suppression des conflits d’homme à homme et de nation à nation, la fin des exploitations inhumaines, l’abolition de la loi de mort et l’établissement de la loi de vie.

Citoyens, cette pensée est dans vos esprits et je n’en suis que l’interprète ; le temps des sanglantes et terribles nécessités révolutionnaires est passé ; pour ce qui reste à faire, l’indomptable loi du progrès suffit ; d’ailleurs, soyons tranquilles, tout combat avec nous dans les grandes batailles qui nous restent à livrer, batailles dont l’évidente nécessité n’altère pas la sérénité des penseurs ; batailles dans lesquelles l’énergie révolutionnaire égalera l’acharnement monarchique ; batailles dans lesquelles la force unie au droit terrassera la violence unie à l’usurpation ; batailles superbes, glorieuses, enthousiastes, décisives, dont l’issue n’est pas douteuse, et qui seront les Tolbiac, les Hastings et les Austerlitz de la démocratie.

Citoyens, l’époque de la dissolution du vieux monde est arrivée. Les antiques despotismes sont condamnés par la loi providentielle ; le temps, ce fossoyeur courbé dans l’ombre, les ensevelit ; chaque jour qui tombe les enfouit plus avant dans le néant.

La République, c’est l’avenir !

Je presse vos mains cordiales[2] !

  1. Maison de Victor Hugo.
  2. Reliée au manuscrit des Documents, Actes et Paroles. Depuis l’exil. — Bibliothèque Nationale.