Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/245

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Qui sait si tout n’est pas un pourrissoir immense ?
Qui sait si ce qu’on croit gloire, vie et semence,
N’est pas horreur et deuil ?
Contemplateur sur qui le rayon des nuits. tombe,
Qui sait si ce n’est pas de néant et de tombe
Que tu remplis ton oeil ? .

Qui sait, espaces noirs, éthers, vagues lumières,
Si le fourmillement mystérieux des sphères
Ne ronge pas le ciel ?
Et si l’aube n’est pas la rougeur d’une torche
Qui passe, et que quelqu’un promène sous le porche
Du sépulcre éternel ?

Peut-être que l’abîme est un vaste ossuaire,
Que la comète rampe aux plis d’un noir suaire,
O vivants pleins de bruit,
Peut-être que la Mort, colossale et hagarde,
Est sous le firmament penchée, et vous regarde
Ayant pour front la nuit !

Peut-être que le monde est une chose morte ;
Peut-être que le ciel où la saison apporte-
Tant de rayons divers,
O mortels, est soumis à la loi qui vous navre,
Et que de cet énorme et splendide cadavre
Les astres sont les vers !