Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/341

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LE DEVOIR==


Et toi, qui que tu sois, génie,
Toi qui sens ta force et qùi vis,
Et dans la gloire ou l'ironie,
De ta grande âme t'assouvis!
Toi qui n'as, sévère nature,
Que toi-même pour nourriture
Et que toi-même pour rayon!
Toi, tout ensemble hymne et huée,
Astre en même temps que nuée,
A la fois caverne et lion!

Quel que soit ton siècle, ombre, orage,
Abandon, peur, haillon, linceul,
Va! que rien ne te décourage!
Marche! Homère est nu. Dante est seul.
Laisse s'amonceler les houles!
Laisse s'évanouir les foules!
Va, toi qui n'as pas de remords,
Accepte tes superbes tâches.
Sois l'intrépide chez les lâches,
Et sois le vivant chez les morts!

Quelquefois l'âme humaine lasse
Semble prise d'accablement;
Le grelottant baise la glace,
L'aveugle aime l'aveuglement.
Décroissances, inexorables!
Les choses se font misérables