Page:Hugo Hernani 1889.djvu/107

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Don Carlos.

Tu le veux ?Oui.

Le duc lève en tremblant la main vers le ressort.
Doña Sol.

Tu le veux ? Oui.Dieu !

Don Ruy Gomez.

Tu le veux ? Oui. Dieu ! Non !

Il se jette aux genoux du roi.
Tu le veux ? Oui. Dieu ! Non !Par pitié, prends ma tête !
Don Carlos.

Ta nièce !

Don Ruy Gomez, se relevant.

Ta nièce !Prends-la donc ! et laisse-moi l’honneur !

Don Carlos, saisissant la main de doña Sol tremblante.

Adieu, duc !

Don Ruy Gomez.

Adieu, duc !Au revoir !

Il suit de l’œil le roi, qui se retire lentement avec doña Sol ; puis il met la main sur son poignard.
Adieu, duc ! Au revoir ! Dieu vous garde, seigneur !
Il revient sur le devant, haletant, immobile, sans plus rien voir ni entendre, l’œil fixe, les bras croisés sur la poitrine, qui les soulève comme par des mouvements convulsifs. Cependant le roi sort avec doña Sol, et toute la suite des seigneurs sort après lui, deux à deux, gravement et chacun à son rang. Ils se parlent à voix basse entre eux.
Don Ruy Gomez, à part.

Roi, pendant que tu sors joyeux de ma demeure,
Ma vieille loyauté sort de mon cœur qui pleure.

Il lève les yeux, les promène autour de lui, et voit qu’il est seul. Il court à la muraille, détache deux épées d’une panoplie, les mesure toutes deux, et les dépose sur une table. Cela fait, il va au portrait, pousse le ressort, la porte cachée se rouvre.