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NOTES D’HERNANI

Don Carlos.

C’est vrai.Fort bien. Je veux sa tête ou bien la tienne,
Entends-tu, mon cousin ?

Don Ruy Gomez, s’inclinant.

Entends-tu, mon cousin ? Mais qu’à cela ne tienne !
Vous serez satisfait.

Doña Sol se cache la tête dans ses mains et tombe sur un fauteuil.
Don Carlos, radouci.

Vous serez satisfait.Ah ! Tu t’amendes. — Va
Chercher mon prisonnier.

Le duc croise les bras, baisse la tête et reste un instant rêveur. Le roi et doña Sol l’observent en silence et agités d’émotions contraires. Enfin le duc relève son front, va au roi, lui prend la main, et le mène à pas lents devant le plus ancien des portraits, celui qui commence la galerie à droite du spectateur.
Don Ruy Gomez, montrant au roi le vieux portrait.

Chercher mon prisonnier.Écoutez ! — Des Silva
C’est l’aîné, c’est l’aïeul, l’ancêtre, le grand homme,
Don Silvius, qui fut trois fois consul de Rome.

Mouvement d’impatience de don Carlos
À un autre portrait.

Voici Ruy Gomez De Silva,
Grand-maître de Saint-Jacque et de Calatrava.
Son armure géante irait mal à nos tailles ;
Il prit trois cents drapeaux, gagna trente batailles,
Conquit au roi Motril, Antequera, Suez,
Nijar, et mourut pauvre. — Altesse, saluez !

Il s’incline, se découvre et passe à un autre. — Le roi l’écoute avec une impatience et une colère toujours croissantes.

Près de lui, Juan, son fils, cher aux âmes loyales.
Sa main, pour un serment, valait les mains royales.
À un autre.
— Don Gaspar, de Mendoce et de Silva l’honneur !
Toute noble maison tient à Silva, seigneur.
Sandoval tour à tour nous craint ou nous épouse.
Manrique nous envie et Lara nous jalouse.
Alencastre nous hait. Nous touchons à la fois
Du pied à tous les ducs, du front à tous les rois !
— Vasquez, qui soixante ans garda la foi jurée.

Geste d’impatience du roi.