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ACTE I. — LE ROI.

Car de ces pièces-là, si j’ai bonne fortune,
Je compte au saint-empire en recoudre plus d’une,
Et, si quelques lambeaux m’en étaient arrachés,
Rapiécer mes états d’îles et de duchés !

Don Ruy Gomez.

Consolez-vous ! il est un empire des justes
Où l’on revoit les morts plus saints et plus augustes !

Don Carlos.

Ce roi François Premier, c’est un ambitieux !
Le vieil empereur mort, vite il fait les doux yeux
À l’empire ! A-t-il pas sa France très chrétienne ?
Ah ! la part est pourtant belle, et vaut qu’on s’y tienne !
L’empereur mon aïeul disait au roi Louis :
— Si j’étais Dieu le père, et si j’avais deux fils,
Je ferais l’aîné dieu, le second roi de France. —
Au duc.
Crois-tu que François puisse avoir quelque espérance ?

Don Ruy Gomez.

C’est un victorieux.

Don Carlos.

C’est un victorieux.Il faudrait tout changer.
La bulle d’or défend d’élire un étranger.

Don Ruy Gomez.

À ce compte, seigneur, vous êtes roi d’Espagne ?

Don Carlos.

Je suis bourgeois de Gand.

Don Ruy Gomez.

Je suis bourgeois de Gand.La dernière campagne
A fait monter bien haut le roi François premier.