Moi je suis seul ! Un ange accompagne ses pas !
— Donc vous me haïssez ?
Je ne vous aime pas.
Eh bien, que vous m’aimiez ou non, cela n’importe !
Vous viendrez, et ma main plus que la vôtre est forte.
Vous viendrez ! je vous veux ! Pardieu, nous verrons bien
Si je suis roi d’Espagne et des Indes pour rien !
Seigneur ! oh ! par pitié ! — Quoi ! Vous êtes altesse,
Vous êtes roi. Duchesse, ou marquise, ou comtesse,
Vous n’avez qu’à choisir. Les femmes de la cour
Ont toujours un amour tout prêt pour votre amour.
Mais mon proscrit, qu’a-t-il reçu du ciel avare ?
Ah ! vous avez Castille, Aragon et Navarre,
Et Murcie, et Léon, dix royaumes encor,
Et les Flamands, et l’Inde avec les mines d’or !
Vous avez un empire auquel nul roi ne touche,
Si vaste que jamais le soleil ne s’y couche !
Et quand vous avez tout, voudrez-vous, vous, le roi,
Me prendre, pauvre fille, à lui qui n’a que moi ?…
Viens ! Je n’écoute rien. Viens ! Si tu m’accompagnes,
Je te donne, choisis, quatre de mes Espagnes.
Dis, lesquelles veux-tu ? Choisis !
Je ne veux rien de vous, que ce poignard, seigneur !
Avancez maintenant ! faites un pas !