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HERNANI.

Il ne sied pas qu’ainsi ma vengeance m’échappe.
Tu ne seras touché par un autre que moi.
Défends-toi donc.

Il tire son épée.
Don Carlos.

Défends-toi donc.Je suis votre seigneur le roi.
Frappez. Mais pas de duel.

Hernani.

Frappez. Mais pas de duel.Seigneur, qu’il te souvienne
Qu’hier encor ta dague a rencontré la mienne.

Don Carlos.

Je le pouvais hier. J’ignorais votre nom,
Vous ignoriez mon titre. Aujourd’hui, compagnon,
Vous savez qui je suis et je sais qui vous êtes.

Hernani.

Peut-être.

Don Carlos.

Peut-être.Pas de duel. Assassinez-moi : faites !

Hernani.

Crois-tu donc que pour nous il soit des noms sacrés ?
Çà, te défendras-tu ?

Don Carlos.

Çà, te défendras-tu ? Vous m’assassinerez !
Hernani recule. Don Carlos fixe des yeux d’aigle sur lui.
Ah ! vous croyez, bandits, que vos brigades viles
Pourront impunément s’épandre dans les villes ?
Que teint de sangs, chargés de meurtres, malheureux !
Vous pourrez après tout faire les généreux,
Et que nous daignerons, nous, victimes trompées,
Anoblir vos poignards du choc de nos épées ?