Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/100

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laissé trace dans les histoires : le roi Mithrobuzane, le tyran Machanidas, le consul romain Emilius Barbula II ; Rollo, roi de la mer ; Zuentibold, l’indigne fils du grand Arnolphe, roi de Lorraine ; Haganon, favori de Charles de France ; Herbert, comte de Vermandois ; Guillaume-Tête-d’Étoupe, comte de Poitiers, auteur de l’illustre maison de Rechignevoisin ; le pape Vitalianus ; Fardulfus, abbé de Saint-Denis ; Athelstan, roi d’Angleterre, et Aigrold, roi de Danemark. À côté de Nemrod se tenait accoudé le grand Cyrus qui fonda l’empire persan deux mille ans avant Jésus-Christ, et qui portait sur sa poitrine ses armoiries ; lesquelles sont, comme on sait, de sinople à un lion d’argent sans vilenie, couronné de laurier d’or à une bordure crénelée d’or et de gueules chargée de huit tierces-feuilles à queue d’argent.

Cette table était servie selon l’étiquette impériale, et aux quatre angles il y avait quatre chasseresses distinguées et illustres : la reine Emma, la reine Ogive, mère de Louis-d’Outre-mer, la reine Gerberge, et Diane, laquelle en sa qualité de déesse avait un dais et un cadenas comme les trois reines.

Aucun de ces convives ne mangeait, aucun ne parlait, aucun ne regardait. Une large place vide au milieu de la nappe semblait attendre qu’on servît le repas, et il n’y avait sur la table que des flacons où étincelaient mille boissons des pays les plus variés, le vin de palme de l’Inde, le vin de riz de Bengala, l’eau distillée de Sumatra, l’arak du Japon, le pamplis des chinois et le pechmez des turcs. Çà et là, dans de vastes cruches de terre richement émaillée, écumaif ce breuvage que les norwégiens appellent wel, les goths buska, les carinthiens vo, les sclavons oll, les dalmates bieu, les hongrois ser, les bohèmes piva, les polonais pwo, et que nous nommons bière.

Des nègres qui ressemblaient à des démons ou des démons qui ressemblaient à des nègres entouraient la table, debout, muets, la serviette au bras et l’aiguière à la main. Chaque convive avait, comme il convient, son nain à côté de lui. Madame Diane avait son lévrier.

En regardant attentivement dans les profondeurs les plus brumeuses de ce lieu extraordinaire, Pécopin vit que dans l’immensité