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Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/130

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Un soir, comme nous revenions de la tour de Hatto, je le priai de souper avec moi. Le major était à table. Mon docte compagnon avait pris dans l’île un beau scarabée à cuirasse d’azur, et tout en me le montrant, il s’avisa de me dire : Rien n’est beau comme les sagres bleues. Sur ce, le major, qui écoutait, ne put s’empêcher de l’interrompre :

Pardieu, monsieur ! fit-il, les sacrebleu ont du bon parfois pour faire marcher les soldats et les chevaux, mais je ne vois pas ce qu’ils ont de beau.

Voilà toutes mes aventures à Bingen. Du reste, quoique cette ville ne soit pas grande, c’est une de celles où s’épanche le plus largement, du commissionnaire au batelier, du batelier au cicérone, du cicérone à la servante, de la servante au valet d’auberge, cette cascade de pourboires que je vous ai décrite ailleurs, et au bas de laquelle la bourse de l’infortuné voyageur arrive parfaitement exterminée, aplatie et vide.

À propos, depuis Bacharach je suis sorti des thalers, des silbergrossen et des pfennings, et je suis entré dans les florins et les kreutzers. L’obscurité redouble. Voici, pour peu qu’on se hasarde dans une boutique, comment on dialogue avec les marchands : — Combien ceci ? — Le marchand répond : — Monsieur, un florin cinquante-trois kreutzers. — Expliquez-vous plus clairement. — Monsieur, cela fait un thaler et deux gros et dix-huit pfennings de Prusse. — Pardon, je ne comprends pas encore. Et en argent de France ? — Monsieur, un florin vaut deux francs trois sous et un centime ; un thaler de Prusse vaut trois francs trois quarts ; un silbergrossen vaut deux sous et demi ; un kreutzer vaut les trois quarts d’un sou ; un pfenning vaut les trois quarts d’un liard. — Alors je réponds comme le don César que vous savez : C’est parfaitement clair, et j’ouvre ma bourse au hasard, me fiant à la vieille honnêteté qui est probablement cet autel des Ubiens dont parle Tacite. Ara Ubiorum.

Les ténèbres se compliquent de la prononciation. Kreutzer se prononce chez les hessois creusse, chez les badois criche et en Suisse cruche.