Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/134

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fleurs et d’animaux, l’inépuisable variété des encoignures et des tourelles ; la couleur, le phénomène ; le contour joufflu, pansu, opulent, ayant plus de santé encore que de beauté ; le mascaron, le triton, la naïade, le dauphin ruisselant, toute la sculpture païenne charnue et robuste, l’ornementation énorme, hyperbolique et exorbitante, le mauvais goût magnifique, ont envahi la ville depuis le commencement du dix-septième siècle et ont empanaché et enguirlandé, selon leur poétique fantasque, la vieille et grave maçonnerie allemande. Aussi, ce ne sont partout que devantures historiées, ouvrées et guillochées ; frontons compliqués de pots à feu, de grenades, de pommes de pin, de cippes et de rocailles, offrant des profils de buissons d’écrevisses ; et pignons volutes à trois marteaux comme la perruque de cérémonie de Louis XIV.

Vues à vol d’oiseau, Mayence et Francfort, ayant, l’une sur le Rhin, l’autre sur le Mein, la même position que Cologne, ont nécessairement la même forme. Sur la rive qui leur fait face, le pont de bateaux de Mayence a produit Castel, et le pont de pierre de Francfort a produit Sachshausen, comme le pont de Cologne a produit Deutz.

Le dôme de Mayence, de même que les cathédrales de Worms et de Trêves, n’a pas de façade et se termine à ses deux extrémités par deux chœurs. Ce sont deux absides romanes, ayant chacune son transept, qui se regardent et que réunit une grande nef. On dirait deux


églises soudées l’une à l’autre par leur façade. Les deux croix se touchent et se mêlent par le pied. Cette disposition géométrale engendre en élévation six campanules, c’est-à-dire sur chaque abside un gros clocher entre deux tourelles, ainsi que le prêtre entre le diacre et le sous-diacre, symbolisme que