Page:Hugo Rhin Hetzel tome 2.djvu/97

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les portraits de tous les hommes à qui la terre doit des découvertes réputées utiles, et qui pour ce motif sont appelés les bienfaiteurs de l’humanité. Chacun était là pour l’invention qu’il a faite. Arabus y était pour la médecine, Dédalus pour les labyrinthes, Pisistrate pour les livres, Aristote pour les bibliothèques, Tubalcaïn pour les enclumes, Architas pour les machines de guerre, Noé pour la navigation, Abraham pour la géométrie, Moïse pour la trompette, Amphictyon pour la divination des songes, Frédéric Barberousse pour la chasse au faucon, et le sieur Bachou, lyonnais, pour la quadrature du cercle. Dans les angles de la voûte et dans les pendentifs se groupaient, comme les maîtresses-constellations de ce ciel d’étoiles humaines, force visages illustres : Flavius, qui a trouvé la boussole ; Christophe Colomb, qui a découvert l’Amérique ; Botargus, qui a imaginé les sauces de cuisine ; Mars, qui a inventé la guerre ; Faustus, qui a inventé l’imprimerie ; le moine Schwartz, qui a inventé la poudre ; et le pape Pontian, qui a inventé les cardinaux.

Plusieurs de ces fameux personnages étaient inconnus à Pécopin, par la grande raison qu’ils n’étaient pas encore nés à l’époque où se passe cette histoire.

Le chevalier pénétra ainsi, marchant où le menait le pas de son cheval, dans une longue enfilade de salles magnifiques. En l’une d’elles il remarqua sur le mur oriental cette inscription en lettres d’or : « Le caoué des arabes, autrement dit cave, est une herbe qui croît en abondance dans l’empire du Turc, et qu’on appelle dans l’Inde l’herbe miraculeuse, étant préparée comme il s’ensuit : prenez demi-once de cette herbe que vous mettrez en poudre et ferez infuser dans une pinte d’eau commune trois ou quatre heures ; puis vous la faites bouillir de sorte qu’il y ait un tiers de consommé. Buvez-la peu à peu, quasi comme en humant. Les personnes de condition l’adoucissent avec le sucre et l’aromatisent avec l’ambre gris. »

En face, sur le mur occidental brillait cette autre légende : « Le feu grégeois se fait et excite dans l’eau avec du charbon de saule, du sel, de l’eau-de-vie, du soufre, de la poix, de l’encens et du camphre, lequel même brûle seul dans l’eau sans autre mixtion et consume toute matière. »