Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/229

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Georges De Werdenberg. Les trois premiers Cantons étaient suzerains de Bilitona et de Bellinzona. Ragatz, Lugano, Locarno, Mendrisio, le Val-Maggia, donnés à la confédération en 1513 par François Sforce, duc de Milan, obéissaient à tous les Cantons, Appenzell excepté. ― La France n’admet pas de hiérarchie entre les parties du territoire. L’Alsace est égale à la Touraine, le Dauphiné est aussi libre que le Maine, la Franche-Comté est aussi souveraine que la Bretagne, et la Corse est aussi française que l’Ile-de-France.

On le voit, et il suffit pour cela d’examiner la comparaison que nous venons d’ébaucher, les anciennes républiques exprimaient des originalités locales ; la France exprime des idées générales.

Les anciennes républiques représentaient des intérêts. La France représente des droits.

Les anciennes républiques, venues au hasard, étaient le fruit tel quel de l’histoire, du passé et du sol. La France modifie et corrige l’arbre, et sur un passé qu’elle subit greffe un avenir qu’elle choisit.

L’inégalité entre les individus, entre les villes, entre les provinces, l’inquisition sur la conscience, l’inquisition sur la vie privée, l’exception dans l’impôt, la vénalité des charges, la division par castes, le silence imposé à la pensée, la défiance faite loi de l’état, une justice étrangère dans la cité, une armée étrangère dans le pays, voilà ce qu’admettaient, selon le besoin de leur politique ou de leurs intérêts, les anciennes républiques. ― La nation une, le droit égal, la conscience inviolable, la pensée reine, le privilège aboli, l’impôt consenti, la justice nationale, l’armée nationale, voilà ce que proclame la France.

Les anciennes républiques résultaient toujours d’un cas donné, souvent unique, d’une coïncidence de phénomènes, d’un arrangement fortuit d’éléments disparates, d’un accident ; jamais d’un système. La France croît en même temps qu’elle est ; elle discute sa base et la critique, et l’éprouve assise par assise ; elle pose des dogmes et en conclut l’état ; elle a une foi, l’amélioration ; un culte, la liberté ; un évangile, le vrai en tout. Les républiques disparues vivaient petitement et sobrement dans leur chétif