tour ; à son extrémité orientale, d’une belle tour octogone qui a été la tour de la cloche ; et à son centre, d’un hôtel à deux pignons, dans le style de 1600, qui a été le palais de Frédéric IV ; on regrette, dis-je, que tout ce grand côté ait quelque monotonie. J’avoue que j’y désirerais une ou deux brèches. Si j’avais eu l’honneur d’accompagner m le maréchal de Lorges dans sa sauvage exécution de 1693, je lui aurais conseillé quelques volées de canon qui eussent donné plus de mouvement à la ligne de la grande façade. Quand on fait une ruine, il faut la bien faire.
Vous vous rappelez cet admirable château de Blois, si stupidement utilisé en caserne, dont la cour intérieure a quatre façades qui racontent chacune l’histoire d’une grande architecture. Eh bien, lorsqu’on entre dans la cour intérieure des palatins, l’impression n’est pas moins profonde ni moins compliquée. On est ébloui. On est tenté de fermer les yeux comme on est tenté de se boucher les oreilles devant les noces de Paul Véronèse. Il semble qu’il y a dans cette cour un immense rayonnement qui vient de tous les côtés à la fois. Tout vous sollicite et vous réclame. Si l’on est tourné vers le palais de Frédéric IV, on a devant soi les deux hauts frontons triangulaires de cette façade touffue et sombre, à entablements largement projetés, où se dressent, entre quatre rangs de fenêtres, taillés du ciseau le plus fier, neuf palatins, deux rois et cinq empereurs [1]. À sa droite, on a l’exquise devanture italienne d’Othon-Henri avec ses divinités, ses chimères et ses nymphes qui vivent et qui respirent, veloutées par de molles ombres poudreuses, avec ses césars romains, ses demi-dieux grecs, ses héros hébreux, et son porche qui est de l’Arioste sculpté. À sa gauche, on entrevoit le frontispice gothique du palais de Louis Le
- ↑ Premier rang à partir du haut du palais : Charlemagne, empereur ; Othon de
Wittelsbach, palatin de Bavière ; Louis, duc de Bavière et premier comte palatin du Rhin ;
Rodolphe Ier, palatin. Deuxième rang ; Louis de Bavière, empereur ; Rupert II, empereur ;
Othon, roi de Hongrie ; Christophe, roi de Danemarck. Troisième rang : Rupert-l’Ancien,
palatin ; Frédéric-Ie-Victorieux, palatin ; Frédéric II, palatin ; Othon-Henri, palatin.
Quatrième rang : quatre palatins, Frédéric-le-Pieux, Louis, Jean-Casimir et Frédéric IV ;
constructeur du palais.
La maison palatine remontait par les femmes à Charlemagne.