quelqu’un !
pas de réponse.
Je tâte le mur, je trouve une porte ; je la pousse, elle s’ouvre.
Ici, une autre chambre sombre, avec une lueur au fond et une porte entre-bâillée.
Je vais à cette porte, et je regarde.
Voici l’effrayant qui commence.
Dans une salle oblongue, soutenue à son milieu par deux piliers, et très vaste, autour d’une longue table faiblement éclairée par des chandelles posées de distance en distance, des formes singulières étaient assises.
C’étaient des êtres pâles, graves, assoupis.
Au haut bout de la table, le plus proche de moi, se tenait une grande femme blême, coiffée d’un béret surmonté d’un énorme panache noir. À côté d’elle, un jeune homme de dix-sept ans, livide et sérieux, enveloppé d’une immense robe de chambre à ramages, avec un bonnet de soie noire sur les yeux. À côté du jeune homme, un vieillard à visage vert dont la tête portait trois étages de coiffures ; premier étage, un bonnet de coton ; deuxième étage, un foulard ; troisième étage, un chapeau.
Puis s’échelonnaient de chaise en chaise cinq ou six casse-noisettes de Nuremberg vivants, grotesquement accoutrés, et engloutis sous d’immenses feutres ; faces bistrées avec des yeux d’émail.
Le reste de la longue table était désert, et la nappe, blanche et nue comme un linceul, se perdait dans l’ombre, au fond de la salle.
Chacun de ces singuliers convives avait devant lui une tasse blanche et quelques vases de forme inusitée sur un petit plateau.
Aucun d’eux ne disait mot.
De temps en temps, et dans le plus profond silence, ils portaient à leurs lèvres la tasse blanche, où fumait une liqueur noire qu’ils buvaient gravement.
Je compris que ces spectres prenaient du café.
Toute réflexion faite, et jugeant que le moment était venu de produire un effet quelconque, je poussai la porte entr’ouverte et j’entrai vaillamment dans la salle.