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Dans un nuage d’alcool.



La boisson fait mourir, mais quel ivrogne, dans l’instant même qu’elle le tue, en veut-il convenir ?

Au cours d’une de mes missions, un vendeur de boisson doublé d’un buveur tomba malade, et malade à mourir, comme le déclara le médecin. On appela le missionnaire : je me rendis auprès du moribond. C’était un gros homme, bouffi, à la figure couperosée ; dans la petite chambre où il se mourait au sein d’une chaleur étouffante, on respirait un air lourd, empuanti d’alcool bien que le malade n’en eût pas bu depuis plusieurs jours.

Il allait trépasser, c’était clair ; et sa respiration pénible disait assez ce qui le tuait : la dégénérescence graisseuse du cœur, maladie commune chez les buveurs. L’alcool recouvre le cœur d’une couche épaisse de graisse, qui en gêne les mouvements et finit par les arrêter ; c’est la mort…

J’insinuai à mon homme qu’il se mourait d’avoir bu… Il se récria, faillit se fâcher… « Mais je ne suis pas un ivrogne ! je ne me dérange jamais…

— Voyons, combien buvez-vous de petits verres par jour ?