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Robichoux



Je ne veux pas d’ivrogne, pas de tapageur, chez moi !… Et vlan ! une main au collet, l’autre… ailleurs, le cabaretier aux larges épaules, au ventre en boule, jette à la porte Robichoux, qui roule dans la neige…

C’est bien la centième fois que Robichoux saôulé, désargenté et casseur entend le respectable aubergiste lui déclarer : « Je ne veux pas d’ivrogne, pas de tapageur, chez moi ! » et qu’il se voit ignominieusement jeté à la porte… et ce sera bien aussi la centième fois demain que Robichoux retournera au cabaret, accueilli par le sourire engageant du buvetier, pour être de nouveau saôulé, désargenté, puis expulsé par sa large main et par son large pied… lorsqu’il parlera de tout casser…

Pas de cœur dans la poitrine, Robichoux !…

Le cœur aux talons, l’aubergiste !

L’ivrogne s’est ramassé comme il a pu… a retrouvé son casque roulé à dix pas… s’est retourné vers l’auberge qu’il apostrophe du poing et de la voix.

Puis grommelant il s’ébranle…