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À LA CHIMIE AGRICOLE.

Ainsi l’a voulu la Providence : l’homme doit gagner son pain à la sueur de son front. Mais l’animal n’a pas l’intelligence pour cultiver ; il fallait alors qu’il pût trouver sa nourriture partout, que partout la plante qui le nourrit pût croître sans épuiser le sol. Les légumineuses puisent donc leur azote dans l’air ; l’animal herbivore le recueille dans les légumineuses dont il se nourrit, se l’assimile ; puis, l’animal herbivore devenant la nourriture du carnivore et de l’homme, l’azote subit cette nouvelle transformation, et, rejeté avec les excrétions de ces derniers, il sert à devenir l’aliment de la plante graminée, qui suit l’homme partout comme le pupille suit son tuteur, sans le secours duquel il ne pourrait pas vivre.

Voilà la chaîne admirable parcourue par cet élément : de l’atmosphère à la plante légumineuse, de celle-ci à l’animal herbivore, de ce dernier au carnivore et à l’homme, et enfin de l’homme à ses cultures intelligentes, le riz, le blé, la canne à sucre, ses premiers aliments, ses premiers besoins.

Dans les cultures dirigées avec intelligence, l’agronome traite sa terre comme un négociant se conduit vis-à-vis de son commettant : il lui ouvre un compte de crédit et de débit ; il lui prête tant dans une année, elle doit rendre tant en récolte ; ce qu’elle ne rend pas, elle le doit, et elle s’acquittera dans une récolte ultérieure. Il est bien évident cependant que l’on fera la part des événements de force majeure : les grandes pluies dévastatrices, les coups de vents qui ruinent