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Page:Hugues - Les Synodes du Désert, tome I.djvu/104

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Nous anciens ſouſſignés ayant vu la réception que nos frères Durand & Court ont faite au ſieur Jean Veſſon, conforme du dernier colloque tenu, nous déclarons que nous approuvons la réception qu’ils ont faite & réhabilitons derechef le dit Jean Veſſon en ſa charge, pro-


    élevant la voix et tout couvert des larmes de joie et de reconnaissance, s’écria : «M. F ., nous couronnerons une solennité qui met le comble à nos vœux, qui remplit nos âmes d’une joie si vive et si juste, nous la couronnerons par le chant des paroles du psalmiste, tirée du psaume cent deuxième •

    En registre sera mise
    Une si grande entreprise
    Pour en faire souvenir
    Aceux qui sont à venir ;
    Et la gent à Dieu sacrée,
    Comme de nouveau créée,
    Lui chantera louange
    De ce bienfait tant étrange.

    «L’événement était en effet si nouveau et si extraordinaire qu’on avait vu rien de semblable en France depuis la révocation de l’édit de Nantes. «L’acte d’installation qui lui fut délivré par ordre du synode portait qu’on l’avait entendu proposer l’espace de trois [ans] et demi avec beaucoup d’édification, qu’on n’avait rien trouvé dans sa conduite et dans ses mœurs qui fût indigne d’un ministre de l’Evangile, que le synode, composé d’environ soixante pasteurs, proposants ou anciens, avait souhaité unanimement qu’il fût examiné sur la théologie et qu’il proposât dans une assemblée publique (pour être ensuite reçu ministre), que dans cet examen on avait trouvé qu’il avait une doctrine très conforme à l’analogie de la foi et aux règles que la sagesse de Dieu avait établies dans son Eglise, et que son zèle et son affection pour la religion étaient tout à fait singuliers. Ainsi continuait-on dans l’acte : «Nous lui avons donné et conféré l’ordination au saint-ministère, selon la manière de l’imposition des mains ordonnée dans la parole de Dieu et pratiquée dans nos églises réformées, pour prêcher la pure parole de Dieu, administrer les Saints Sacrements du baptême et de la Sainte-Cène, et exercer la discipline ecclésiastique et tout ce qui en dépend.» Cette imposition des mains, ajoutait-on, «est donc fondée : i" sur sa vie édifiante ; 2" sur la pureté de sa doctrine ; 3» sur la manière de bien exposer la parole de Dieu, et enfin sur la demande générale qui en a été faite. Ces rares qualités, disait Corteiz, se trouvant en lui par un commun consentement des proposants, des anciens et du troupeau, je lui ai imposé les mains et donné la main d’association. » On finissait par des vœux qu’il plût à Dieu de le sanctifier par son Saint-Esprit, de le préserver de la main cruelle des ennemis, de lui être toujours un soleil et un bouclier, de faire réussir son ministère à la gloire de son grand nom, à l’avancement du règne de son fils et au salut des âmes. La souscription porte : «Donné en Cévennes, le vingt et unième novembre mil sept cent dix-huit. » «L’acte n’était signé que par Pierre Corteiz, ministre ; Jacques Bonbonnoux, Jean Rouvière, J. Bétrine et Pierredon, proposants. «L’usage n’était point de faire signer les députés des églises, crainte que, si les pièces signées venaient à se perdre ou à tomber entre les mains des ennemis, on ne fit à ces députés des affaires fâcheuses.» — Mss. Court, n° 46.