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Page:Hugues - Les Synodes du Désert, tome I.djvu/103

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quelque ſcandale ſous quelque prétexte que ce ſoit, je les exhorterais au commencement à prendre garde de ne ſcandalifer aucun de ſes frères, & à la fin de l’action, ſ'il y en arrivait quelqu’un, je promets de les cenſurer & de me ſoumettre aux ordres ci-devant établis, approuvés par mes collègues & par les anciens élus à la pluralité des voix.


    «un synode où Court devait demander son congé pour passer dans les pays étrangers dans les mêmes vues et pour le même dessein que Corteiz. Il fut prévenu dans sa demande par des considérations que le synode fit sur ce sujet. La saison était trop avancée pour entreprendre un voyage de longue haleine ; on avait un ministre reçu, celui-ci en pouvait consacrer un autre ; il était inutile d’aller chercher loin ce qu’on avait tout près ; c’était exposer un prédicateur sur lequel semblait reposer en particulier l’espérance des églises à des dangers, grands en eux-mêmes, qui pouvaient avoir les suites les plus alarmantes et d’autant plus dignes à être évités qu’il n’était ni du bien de l’Eglise ni nécessaire de les risquer. Ainsi on conclut de travailler à faire désister Court de son projet, et à l’engager à consentir qu’il fut consacré par le synode même. Il lui en faisait quelque peine, dans la pensée que son ministère n’en fut moins efficace par la différence que le peuple pourrait peut-être mettre entre une vocation reçue dans une académie étrangère et celle d’un synode où il n’y avait qu’un seul pasteur. Cependant, les désirs et les raisons du synode lui ayant été exposés dans les termes les plus forts et les plus touchants ainsi que la crainte qu’on avait de le perdre, il se laissa gagner et consentit à être examiné. Aussitôt il fut établi par le synode M. Colom, vieillard respectable, homme distingué par sa piété et par ses lumières, pour être joint à Corteiz dans l’examen qu’on devait faire [subir] au jeune prédicateur. « Cet examen roula sur divers articles de théologie et sur quelques-unes des matières controversées entre les protestants et l’Eglise romaine. Court s’en tira avec applaudissements, et je craindrais de n’être pas cru si j’entreprenais de rapporter la satisfaction qu’en témoigna toute l’assemblée. Mais ce n’était rien en comparaison de ce qui se passa ensuite dans l’assemblée publique de plusieurs églises convoquées la nuit du jour même pour y imposer les mains au jeune prédicateur. La scène fut des plus touchantes. Court exposa lui-même, dans un discours fort étendu et qu’il adressa à l’assemblée, les devoirs des ministres. Il y traita de la nécessité et des avantages de la prédication. Il y releva la gloire de la Providence qui, touchée enfin du malheur de son Eglise en France, lui suscitait des ministres dans le temps même que ses ennemis étaient les plus acharnés à sa ruine. Il demanda les secours des prières de toute l’assemblée pour obtenir du ciel la grâce de remplir avec un nouveau zèle le nouveau grade dont il allait être revêtu et toutes les vertus nécessaires pour le pouvoir faire avec succès. Tout ce qu’il dit fut exprimé avec tant de zèle, avec tant d’onction, le prédicateur en paraissait si rempli et si pénétré lui-même, que tout l’auditoire fondait en larmes. On ne saurait rien ajouter aux mouvements et aux sentiments divers qui furent exprimés par toute l’assemblée, lorsqu’on le vit à genoux et Corteiz lui posant la Bible sur la tête, les mains jointes, lui donnant, au nom de J.-C . et par l’autorité du synode, le pouvoir d’exercer toutes les fonctions du ministère. C’étaient des cris de joie, d’admiration, de louange, d’actions de grâces et de ravissements. C’est au milieu de ces transports et de ces ravissements, que M. Colom, ce vénérable et respectable vieillard, qui avait été joint à Corteiz pour l’examen du jeune ministre,