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Page:Hugues - Poésies choisies.djvu/41

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LA CHARRUE



 
Lourde comme le plomb, dure comme le marbre,
Dans la sérénité des larges cieux ouverts,
La branche s’élançait du tronc noueux de l’arbre
Avec ses deux rameaux pareils à des bras verts.

Un jour, dans la saison hésitante où la brise
Sous les bois dépouillés berce les derniers nids,
L’Homme, rôdeur velu, fit sur la terre grise,
Rouler la grande branche aux deux rameaux unis.

Puis, l’ayant emportée au seuil de sa caverne,
Avec un gonflement de veines dans le cou,
Il la laissa trois jours dans l’eau d’une citerne
Pour qu’elle fléchît mieux, tordue à son genou.

Et lorsque, dans l’orgueil bestial de la force,
Les muscles contractés et la sueur au front,
Il eut bien enlevé les feuilles de l’écorce,
Bien poli les rameaux avec un caillou rond,