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et monumens de l’amérique.

que les chutes d’eau que l’on voit dans les vallées profondes et étroites des Alpes, des Pyrénées, et surtout de la Cordillère des Andes. Outre la hauteur et le volume de la colonne d’eau, outre la configuration du sol et l’aspect des rochers, c’est la vigueur et la forme des arbres et des plantes herbacées ; c’est leur distribution en groupes ou bouquets épars ; c’est le contraste entre les masses pierreuses et la fraîcheur de la végétation, qui donnent un caractère particulier à ces grandes scènes de la nature. La chute du Niagara seroit plus belle encore si, au lieu de se trouver sous une zone boréale, dans la région des pins et des chênes, ses environs étoient ornés d’héliconia, de palmiers, et de fougères arborescentes.

La chute (salto) de Tequendama réunit tout ce qui peut rendre un site éminemment pittoresque. Elle n’est point, comme on le croit dans le pays[1] et comme des physiciens l’ont répété en Europe, la cascade la plus haute du globe : la rivière ne se précipite

  1. Piedrahita, p. 19 ; Julian, la Perla de la America, provincia de Santa Martha, 1787, p. 9.