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et monumens de l’amérique.

de Tlaxapuchicalco, sur le volcan Catcitepetl (montagne qui parle), où il marcha pieds nus sur des feuilles d’agave armées de piquans. On croit voir un de ces Rishi, hermites du Gange, dont les Pourânas célèbrent la pieuse austérité[1].

Le règne de Quetzalcoatl étoit l’âge d’or des peuples d’Anahuac : alors tous les animaux, les hommes même vivoient en paix, la terre produisit sans culture les plus riches moissons, l’air étoit rempli d’une multitude d’oiseaux que l’on admiroit à cause de leur chant et de la beauté de leur plumage ; mais ce règne, semblable à celui de Saturne, et le bonheur du monde ne furent pas de longue durée : le Grand Esprit Tezcatlipoca, le Brahmâ des peuples d’Anahuac, offrit à Quetzalcoatl une boisson qui, en le rendant immortel, lui inspira le goût des voyages, et surtout un désir irrésistible de visiter un pays éloigné que la tradition appelle Tlapallan[2]. L’analogie de ce nom avec celui de Huehuetlapallan, la patrie des Tollèques, ne paroît

  1. Schlegel über Sprache und Weisheit der Indier, p. 132.
  2. Clacigero, Storia di Messico, Tom. II, p. 12.