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et monumens de l’amérique.

jusqu’à la limite inférieure des neiges perpétuelles. Nous avons éprouvé cette difficulté dans une excursion que nous avons faite au mois de mai de l’année 1802. Le cône est entouré de profondes crevasses, qui, au moment des éruptions, conduisent au Rio Napo et au Rio de los Alaques, des scories, de la pierre ponce, de l’eau et des glaçons. Quand on a examiné de près le sommet du Cotopaxi, on peut presque assurer qu’il seroit impossible de parvenir jusqu’au bord du cratère.

Plus le cône de ce volcan est d’une forme régulière, et plus on est frappé de trouver du côté du sud-ouest une petite masse de rocher à demi-cachée sous la neige, hérissée de pointes, et que les naturels appellent la Tête de l’Inca. L’origine de cette dénomination bizarre est très-incertaine. Il existe dans le pays une tradition populaire, d’après laquelle ce rocher isolé faisoit jadis partie de la cime du Cotopaxi. Les Indiens assurent que le volcan, lors de sa première éruption, lança loin de lui une masse pierreuse qui, semblable à la calotte d’un dôme, couvroit l’énorme cavité qui renferme le feu souterrain. Les uns prétendent que cette catastrophe extraordi-