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et monumens de l’amérique.

à deux têtes. Il se pourroit que cette physionomie extraordinaire indiquât quelque race d’hommes très-différente de celle qui habite aujourd’hui ces contrées, et dont le nez est gros, aplati, et d’une grandeur médiocre : mais il se pourroit aussi que les peuples aztèques eussent cru, comme le prince des philosophes[1], qu’il y a quelque chose de majestueux et de royal (βατιχόν) dans un grand nez, et qu’ils l’eussent considéré, dans leurs reliefs et dans leurs tableaux, comme le symbole de la puissance et de la grandeur morale.

La forme pointue des têtes n’est pas moins frappante dans les dessins mexicains que la grandeur des nez. En examinant ostéologiquement le crâne des naturels de l’Amérique, on voit, comme je l’ai déjà observé ailleurs, qu’il n’y a pas de race sur le globe dans laquelle l’os frontal soit plus déprimé en arrière, ou qui ait moins de front[2]. Cet aplatissement extraordinaire se trouve chez des peuples de

  1. Platon, de Republica, Lib. V.
  2. Blumenbach, Decas quinta craniorum, 1808, p. 14, Tab. 46.