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et monumens de l’amérique.

naturels, est réduit au silence éternel : d’après eux, vivre c’est parler ; et, comme nous le verrons bientôt, parler beaucoup est une marque de pouvoir et de noblesse. Ces figures de langues se retrouvent aussi dans le tableau mexicain du déluge, que Gemelli a publié d’après le manuscrit de Siguenza. On y voit les hommes, nés muets, qui se dispersent pour repeupler la terre, et un oiseau qui leur distribue trente-trois langues différentes. De même un volcan, à cause du bruit souterrain que l’on entend quelquefois dans son voisinage, est figuré, par les Mexicains, comme un cône au-dessus duquel flottent plusieurs langues : un volcan est appelé la montagne qui parle.

Il est assez remarquable que le peintre mexicain n’a donné qu’aux trois personnes qui étoient vivantes de son temps le diadème (copilli), qui est un signe de souveraineté. On retrouve cette même coiffe, mais dépourvue du nœud qui se prolonge vers le dos, dans les figures des rois de la dynastie aztèque publiées par l’abbé Clavigero. Le dernier rejeton des seigneurs d’Azcapozalco est représenté assis sur une chaise indienne