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vues des cordillères,

et ayant les pieds libres : des rois morts, au contraire, sont figurés non seulement sans langue, mais aussi les pieds enveloppés dans le manteau royal (xiuhtilmatli), ce qui donne à ces images une grande ressemblance avec les momies égyptiennes. Il est presque superflu de rappeler ici l’observation générale que, dans toutes les peintures mexicaines, les objets réunis à une tête, au moyen d’un fil, indiquent à ceux qui savent la langue des naturels les noms des personnes que l’artiste a voulu désigner. Les naturels prononcent ces noms dès qu’ils voient l’hiéroglyphe. Chimalpopoca signifie un bouclier qui fume ; Acamapitzin, une main qui tient des roseaux : aussi, pour indiquer les noms de ces deux rois, prédécesseurs de Montezuma, les Mexicains peignoient-ils un bouclier et une main fermée, liés par un fil à deux têtes ornées du bandeau royal. J’ai vu que, dans des tableaux faits après la conquête, le valeureux Pedro Alvarado étoit figuré avec deux clefs placées derrière la nuque, sans doute pour faire allusion aux clefs de saint Pierre, dont le peuple voyoit partout les images dans les églises des Chré-