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et monumens de l’amérique.

plus récent que ne le sont les caractères runiques dans le nord de l’Europe. On n’a donc pas besoin de supposer que les communications entre l’Asie orientale et l’Amérique remontent à une antiquité très-reculée, pour comprendre comment cette dernière partie du monde n’a pu recevoir un art qui, pendant une longue série de siècles, n’a été connu[1] qu’en Egypte, dans les colonies phéniciennes et grecques, et dans le petit espace de terrain contenu entre la Méditerranée, l’Oxus et le Golfe persique.

En parcourant l’histoire des peuples qui ignorent l’usage des lettres, on voit que, presque partout, dans les deux hémisphères, les hommes ont essayé de peindre les objets qui frappent leur imagination, de représenter les choses en indiquant une partie pour le tout, de composer des tableaux en réunissant des figures ou les parties qui les rappellent, et de perpétuer ainsi la mémoire de quelques faits remarquables. L’indien Delaware, en parcourant les bois, trace des traits dans l’écorce des arbres, pour annoncer le nombre

  1. Zoega, de origine Obeliscorun, p. 551.