Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
et monumens de l’amérique.

ils sont bien éloignés de connaître la peinture, et de sentir le besoin de se communiquer leurs idées par des signes graphiques. Comme la plupart des tribus fixées sur les rives des grands fleuves de l’Amérique méridionale, ils ne parois sent pas très-anciens dans le lieu où on les trouve maintenant : sont-ils les foibles restes de quelque peuple civilisé retombé dans l’abrutissement, ou descendent-ils de ces mêmes Toltèques qui ont porté l’usage des peintures hiéroglyphiques à la Nouvelle-Espagne, et que, poussés par d’autres peuples, nous voyons disparaître aux rives du lac de Nicaragua ? Voilà des questions d’un grand intérêt pour l’histoire de l’homme ; elles se lient à d’autres dont l’importance n’a pas été suffisamment sentie jusqu’ici.

Des rochers granitiques qui s’élèvent dans les savanes de la Guayane, entre le Cassiquiare et le Conorichite, sont couverts de figures de tigres, de crocodiles, et d’autres caractères que l’on pourroit croire symboliques. Des dessins analogues se trouvent tracés cinq cents lieues au nord et à l’ouest, sur les rives de l’Orénoque, près de l’Encaramada et de Caicara ; sur les bords du Rio