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vues des cordillères,

perdit au passage de la Cordillère, soit qu’il fût soustrait et envoyé furtivement en Europe, il est certain qu’il n’arriva point au lieu de sa première destination : toutes les recherches faites pour retrouver un objet aussi curieux ont été inutiles, et on regretta trop tard de n’avoir pas fait copier ces caractères. Le missionnaire Narcisse Gilbar, avec lequel j’ai été lié d’amitié pendant mon séjour à Lima, m’a promis de tenter tous les moyens pour se procurer un autre cahier de ces peintures des Panos : il sait qu’il en existe plusieurs parmi eux, et qu’ils disent eux-mêmes que ces livres leur ont été transmis par leurs pères. L’explication qu’ils donnent de ces peintures paroît fondée sur une tradition antique qui se perpétue dans quelques familles. Les Indiens de Manoa que le père Gilbar chargea de faire des recherches sur le sens de ces caractères, crurent deviner qu’ils indiquoient des voyages et d’anciennes guerres avec des hordes voisines.

Les Panos différent aujourd’hui très-peu du reste des sauvages qui habitent ces forêts humides et excessivement chaudes : nus, vivant de bananes et du produit de la pêche,