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Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/323

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vues des cordillères,

qui aime à creuser le roc, qui cherche les difficultés pour montrer son adresse à les vaincre, et qui imprime aux édifices les plus chétifs un caractère de solidité d’après lequel on pourroit croire qu’à une autre époque il eût élevé des monumens plus considérables.

L’Inga-Chungana, vu de loin, ressemble à un canapé dont le dos est orné d’une sorte d’arabesque en forme de chaîne. En entrant dans l’enceinte ovale, on voit qu’il n’y a de siège que pour une seule personne, mais que cette personne est placée d’une manière très-commode, et qu’elle jouit de la vue la plus délicieuse sur le fond de la vallée de Gulan. Une petite rivière serpente dans cette vallée, et forme plusieurs cascades dont on aperçoit l’écume à travers des touffes de gunnera et de melastomes. Ce siège rustique orneroit les jardins d’Ermenonville et de Richmond ; et le prince qui avoit choisi ce site n’étoit pas insensible aux beautés de la nature, il appartenoit à un peuple que nous n’avons pas le droit de nommer barbare.

Je n’ai vu dans cette construction qu’un