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Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/332

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et monumens de l’amérique.

étonnante à tailler les pierres les plus dures. Au Cañar, on trouve des canaux courbes creusés dans le porphyre pour suppléer aux gonds des portes. La Condamine et Bouguer ont vu, dans d’anciens édifices construits du temps des Incas, des ornemens de porphyre représentant des mufles d’animaux, dont les narines percées portoient des anneaux mobiles de la même pierre[1]. Lorsque je traversai la Cordillère par le Paramo de l’Assuay, et que je vis ces énormes masses de pierres de taille tirées des carrières de porphyre du Pullal, et employées à construire les grandes routes de l’Inca, je commençai déjà à douter que les Péruviens n’eussent connu d’autres outils que des haches de caillou ; je soupçonnai que le frottement n’étoit pas le seul moyen qu’ils avoient employé pour aplanir les pierres ou pour leur donner une convexité régulière et uniforme : j’embrassai dès-lors une opinion contraire aux idées généralement reçues, je supposai que les Péruviens avoient eu des

  1. Mémoires de l’académie de Berlin, 1746, p. 452, Tab. 7, f. 4.