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Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/333

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vues des cordillères,

outils de cuivre, qui, mêlé dans une certaine proportion à l’étain, acquiert une grande dureté. Celle supposition s’est trouvée justifiée par la découverte d’un ancien ciseau péruvien trouvé à Vilcabamba, près du Cuzco, dans une mine d’argent travaillée du temps des Incas. Cet instrument précieux, que je dois à l’amitié du père Narcisse Gilbar, et que j’ai eu le bonheur de rapporter en Europe, a douze centimètres de long et deux de large : la matière dont il est composé a été analysée par M. Vauquelin, qui y a trouvé 0,94 de cuivre et 0,06 d’étain. Ce cuivre tranchant des Péruviens est presque identique avec celui des haches gauloises, qui coupent le bois comme le feroit de l’acier[1]. Partout dans l’ancien continent, au commencement de la civilisation des peuples, l’usage du cuivre mêlé d’étain (æs, χάλκις) a prévalu sur celui du fer, même là où ce ce dernier étoit connu depuis long-temps.

  1. Voyez mon Essai politique sur la Nouvelle-Espagne, Vol. III, p. 306 de l’édition in-8o.