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et monumens de l’amérique.

Branciforte. Cette statue en bronze est d’une grande pureté de style, et de la plus belle exécution : elle a été dessinée, modelée, fondue et placée par le même artiste, Don Manuel Toisa, natif de Valence, en Espagne, et directeur de la classe de sculpture de l’académie des beaux-arts à Mexico. On ne sait ce qu’on doit le plus admirer, ou du talent de cet artiste, ou du courage et de la persévérance qu’il a déployés, dans un pays où tout restoit à créer, et dans lequel il lui a fallu vaincre les obstacles les plus multipliés. Ce bel ouvrage a réussi dès la première fonte. La statue pèse près de vingt-trois mille kilogrammes ; sa hauteur excède de deux décimètres celle de la statue équestre de Louis XIV, qui étoit à la place Vendôme, à Paris. On a eu le bon goût de ne pas dorer le cheval ; on s’est contenté de l’enduire d’un vernis de couleur olivâtre, qui tire sur le brun. Comme les édifices qui entourent la place sont en général peu élevés, on voit la statue projetée contre le ciel ; circonstance qui, sur le dos des Cordillères, où l’atmosphère est d’un bleu très-foncé, produit l’effet le plus pittoresque. J’ai assisté au transport de cette masse