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Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/83

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vues des cordillères,

long. 5° 12′) est regardée comme le passage le plus pénible que présente la Cordillère des Andes. C’est une forêt épaisse entièrement inhabitée, que, dans la plus belle saison, on ne traverse qu’en dix ou douze jours. On n’y trouve aucune cabane, aucun moyen de subsistance : à toutes les époques de l’année les voyageurs font leurs provisions pour un mois, parce qu’il arrive souvent que, par la fonte des neiges et par la crue subite des torrens, ils se trouvent isolés de manière à ne pouvoir descendre ni du côté de Carthago ni du côté d’Ibague. Le point le plus élevé du chemin, la Garito del Paramo, a trois mille cinq cents mètres de hauteur au-dessus des eaux de l’Océan. Comme le pied de la montagne, vers les rives du Cauca, n’en a que neuf cent soixante, on y jouit généralement d’un climat doux et tempéré. Le sentier par lequel on passe la Cordillère est si étroit, que sa largeur ordinaire n’est que de quatre ou cinq décimètres : il ressemble en grande partie à une galerie creusée à ciel ouvert. Dans cette partie des Andes, comme presque partout ailleurs, le roc est couvert d’une couche épaisse d’argile. Les filets d’eau qui