Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
vues des cordillères,

femme à laquelle la tradition donne encore trois noms ; savoir, ceux de Chia, Yubecayguaya et Huythaca. Cette femme, d’une rare beauté, mais d’une méchanceté excessive, contraria son époux dans tout ce qu’il entreprenoit pour le bonheur des hommes. Par son art magique, elle fit enfler la rivière de Funzha, dont les eaux inondèrent toute la vallée de Bogota. Ce déluge fit périr la plupart des habitans, et quelques-uns seulement s’échappèrent sur la cime des montagnes voisines. Le vieillard irrité chassa la belle Hujthaca loin de la terre ; elle devint la lune, qui, depuis cette époque, commença à éclairer notre planète pendant la nuit. Ensuite Bochica, ayant pitié des hommes dispersés sur les montagnes, brisa d’une main puissante les rochers qui ferment la vallée du côté de Canaos et de Tequendama. Il fit écouler par cette ouverture les eaux du lac de Funzha, réunit de nouveau les peuples dans la vallée de Bogota, construisit des villes, introduisit le culte du soleil, nomma deux chefs, entre lesquels il partagea les pouvoirs ecclésiastique et séculier, et se retira, sous le nom d’Idacanzas, dans la sainte vallée