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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/209

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Philosophiques.

l’action en Dieu seul, me paroît trop téméraire pour pouvoir jamais s’accréditer dans l’esprit d’un homme qui a soigneusement étudié la foiblesse de la raison humaine, & les limites étroites de ses opérations. Quand même cette théorie seroit fondée en bonne logique, & sur une suite de preuves concluantes, il nous resteroit toutefois, envoyant des conclusions aussi extraordinaires, & aussi peu assortissantes au train de la vie & de l’expérience, il nous resteroit, dis-je, sinon une certitude, au moins un véhément soupçon, qu’elle nous a conduits au delà de la portée de nos facultés. Long-tems avant que d’arriver au dernier échelon de cette théorie, nous sommes déjà dans le pays des Fées : & dès-lors nous n’avons plus aucune raison de nous fier aux méthodes d’argumentation communément reçues. Il ne faut pas penser que nos analogies & nos vraisemblances usitées soient ici d’aucun poids : notre sonde est trop courte pour ces immenses abîmes. Nous avons beau nous flatter d’être guidés, dans notre route, par une sorte de probabilité ou d’expérience nous pouvons être très-sûrs que cette expé-