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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/210

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Essais.

rience imaginaire ne nous mène à rien, dès qu’il s’agit de choses qui sont entièrement hors de la sphere de l’expérience réelle. Mais j’aurai occasion de revenir à ce sujet[1]. En second lieu, je ne puis appercevoir aucune solidité dans l’argument sur lequel cette théorie est fondée. Nous ignorons, à la vérité, la maniere dont les corps agissent les uns sur les autres, leur efficace nous est inconcevable ; mais, n’ignorons-nous pas également la maniere dont une intelligence, je dis même la souveraine intelligence, agit, soit sur l’esprit, soit sur le corps ? Et concevons-nous mieux la force dont elle est douée ? D’où, je vous prie, en prendrions-nous l’idée ? Nous ne sentons aucun pouvoir en nous-mêmes, & nous n’avons d’autre notion de l’Être suprême que celle que nous nous formons en réfléchissant sur nos propres facultés. Si donc notre ignorance étoit une raison suffisante pour nier une chose, nous devrions refuser toute force active à Dieu, aussi-bien qu’à la matiere la plus gros-

  1. Essai XII.