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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/254

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Essais.

tant mes explications comme justes. S’il n’y avoit point de liaison régulière constante entre les objets, les notions de cause & d’effet ne nous seraient jamais venues dans l’esprit.

Or, cette liaison constante produit l’induction intellectuelle dont nous avons parlé, qui est la seule espece de connexion que nous puissions concevoir. Quiconque entreprendra de définir le mot de cause, en faisant abstraction de ces circonstances, sera réduit, ou à parler un langage inintelligible, ou à employer des termes synonymes à celui qu’il veut définir[1]. Or, notre définition étant admise, la liberté, autant de fois qu’on l’op-

  1. Ainsi, par exemple, en nommant cause ce qui produit quelque chose, produire & cause sont manifestement synonymes. La même objection a lieu, si on définit la cause ce par quoi une chose existe, car, que veut dire par quoi ? Si l’on avoit nommé cause ce après quoi une chose existe constamnent, nous aurions d’abord compris le sens de ces paroles, puisque c’est-là, en effet, tout ce que nous savons sur ce sujet : or, cette confiance est l’essence même de la nécessité ; & nous n’en avons point d’autre idée, Note de l’Auteur