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De L’Éditeur.

Si nous remarions ou croyons remarquer des défauts dans ceux de ses ouvrages qui sont à notre portée, n’est-il pas raisonnable de penser que ce ne sont que des défauts apparens, & que nous jugeons mal, parce que nous ne jugeons du tout d’après une partie, & une très-petite partie ? Seroit-il donc plus probable que nous soyions plus sage que l’Être qui a donné tant de preuves d’une sagesse, que nous sommes obligés de reconnoître infiniment supérieure à la nôtre ?

Nous sentons tous l’excellence de la vertu & la difformité du vice. Dès ici-bas, comme M. Hume en convient lui-même, la premiere a de grands avantages sur l’autre ; & généralement parlant, les gens de bien sont plus heureux que les méchans. Mais, il arrive aussi des cas où le vice triomphe, & la vertu gémit sous l’oppression. Faut-il en conclure qu’un Être, qui a mis dans nos âmes les notions de la justice & de la rectitude, & qui a donné tant de marques éclatantes de son