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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/307

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Philosophiques.

En troisieme lieu, une forte présomption contre les récits surnaturels & miraculeux, c’est qu’ils abondent sur-tout parmi des nations ignorantes & barbares, & que si l’on en trouve chez des peuples civilisés, il est visible qu’ils leur ont été transmis par leurs grossiers ancêtres, avec cette sanction & cette autorité inviolable, affectée à toutes les

    absurdité, donnent abondamment à connoître la forte pente des hommes pour tout ce qui est extraordinaire & merveilleux : ces mêmes exemples devroient donc nous faire concevoir un soupçon raisonnable contre toutes les relations de cette nature. N’est-ce pas là notre façon naturelle de penser par rapport même aux faits les plus croyables & les plus communs ? Il n’y a point, par exemple, d’espece de contes qui naisse & se répande si vite, à la campagne sur-tout & dans les bicoques provinciales, que les bruits de mariage. Deux jeunes personnes de condition égale ne se verront pas deux fois, sans qu’on les marie aussi-tôt dans tout le voisinage. Le plaisir que chacun trouve à savoir & à conter le premier une nouvelle aussi intéressante ; la fait courir de bouche en bouche. Et cela est si connu que jamais un homme sensé ne fait attention à ces sortes de bruit, jusqu’à ce qu’il les trouve confirmé par une plus grande évidence. Ne sont-ce pas les mêmes passions, & d’autres plus fortes encore, qui portent le gros des hommes à croire & à rapporter tous les miracles religieux avec l’assurance la plus outrée ? Note de l’Auteur.