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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/324

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Essais.

suffisante aux yeux de tout homme raisonnable.

Est ce raisonner juste que de conclure que,

    l’examiner, le célebre Sylva : la forte d’évidence que celui-ci fait valoir est une chose des plus curieuses : selon la déclaration de ce médecin, il étoit impossible qu’elle eût été aussi mal que disoient les témoins, parce qu’elle n’auroit pu se rétablir, en si peu de tems, aussi parfaitement qu’il la trouva rétablie. Il raisonna sans doute en homme sensé, d’après les causes naturelles ; mais le parti opposé lui répliqua que le fait étoit un miracle ; & que son raisonnement en étoit précisément la meilleure preuve.

    Les Molinistes en étoient réduits à un dilemne assez périlleux. N’osant soutenir l’insuffisance absolue de l’évidence humaine à prouver un miracle, ils furent obligés de dire que ces miracles étoient opérés par sortilege, & que le diable s’en mêloit. Mais on leur répondit que ç’avoit été là la ressource des anciens Juifs.

    Les Jansénistes ne furent aucunement embarrassés de rendre raison de la cessation de leurs miracles, lorsque le cimetière fut fermé par ordre du Roi. Ces effets extraordinaires avoient été produits par l’attouchement de la tombe, & ne pouvoient plus l’être, dès qu’il devint impossible d’en approcher. Dieu, à la vérité, auroit pu, renverser les murailles dans un instant mais il est le maître de ses grâces & de ses oeuvres : & il ne nous appartient pas de lui en demander compte. Il n’a pas renversé les murailles de toutes les villes, comme celles de Jéricho ; il n’a pas ouvert la prison de tous les Apôtres, comme celle de saint Paul,